Société

Côte d’Ivoire : La difficile lutte pour la préservation des pangolins

Le pangolin est une viande très prisée en Côte d’Ivoire, rangée dans la catégorie des viandes de brousse comme l’agouti, le rat palmiste, ou la biche. Les viandes de brousse sont consommées dans les maquis- restaurants et familles rurales et urbaines. Cette gastronomie est imprégnée dans la culture ivoirienne. Difficile donc de faire comprendre à la population que le pangolin est un animal menacé d’extinction et protégé par la Convention internationale sur le commerce d’espèces sauvages menacées (Cites) depuis septembre 2016.
Les habitudes culturelles restent très présentes malgré les efforts des autorités ivoiriennes. En dehors du trafic illicite, il y a le commerce de viande, la domestication inappropriée, la déforestation anarchique avec les feux de brousse, des pratiques qui n’ont qu’un seul but : l’argent et la subsistance. Les croyances et traditions influent également sur la méconnaissance des bonnes pratiques.
A cela s’ajoute le trafic qui fait peser une menace supplémentaire sur l’espèce. Courant 2022, ce sont plus de 600 kg d’écailles de pangolins qui ont été saisies en Côte d’Ivoire, représentant à peu près le massacre de 3000 pangolins. Ces saisies ont été possibles grâce à la collaboration entre la DPFE-MINEF, UCT et EAGLE Côte d’Ivoire.
Selon le réseau EAGLE, la disparition du pangolin est liée au trafic massif. Ce mammifère nocturne est très convoité par les trafiquants qui, avides de sa chaire et des écailles, le chassent sans répit de nombreuses années.
D’après l’UICN, sur les 8 espèces de pangolins connues, les 4 asiatiques sont en danger d’extinction et parmi les 4 espèces africaines, 2 sont classées vulnérables (dont le pangolin à ventre blanc, Phataginus tricuspis) et 2 sont en danger d’extinction. Les huit espèces figurent dans la liste de l’Annexe I de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), qui correspond au niveau le plus élevé de protection internationale.

Peuplant de vastes régions d’Asie et d’Afrique, cet animal est recherché et abattu pour de bien mauvaises raisons : on attribue des vertus curatives à ses écailles composées de kératine. Le trafic a mis les populations de pangolins asiatiques au bord de l’extinction. Les trafiquants se tournent vers l’Afrique depuis une quinzaine d’années pour se fournir. Le trafic qui a décimé les pangolins en Asie est en train de se reproduire sur le continent Africain.

Près de 900. 000 de ces petits mammifères ont été vendus illégalement dans le monde entre 2000 et 2019, indique l’ONG Traffic qui surveille les circuits de ventes illégales d’animaux. Et selon l’Agence des Etats-Unis pour le développement international, entre 650 000 et 8,5 millions de pangolins ont été arrachés à leur environnement entre 2009 et 2020 dans toute l’Afrique de l’Ouest. Ce qui fait du pangolin, le mammifère le plus trafiqué au monde.

En Côte d’Ivoire, le pangolin est inscrit sur la liste des espèces intégralement protégées. Il est donc interdit de tuer, capturer, transporter, manger, vendre ou de garder en captivité ces animaux ou des morceaux (écailles, viande, peau, etc.).

Les sanctions encourues vont de 2 à 12 mois assortie d’une amende de 3000 à 300.000 FCFA si l’on se réfère à l’article N°65-255 du 4 août 1965 relatif à la protection de la faune et à l’exercice de la chasse.

SerCom

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