La migration des jeunes comporte plusieurs raisons.
C’est un jeune ivoirien complètement déboussolé qui crit au secours, lui qui avait été victime des actes de violence des microbes . Il s’agit bien évidemment de Keo Sofoué Marc, originaire du nord de la Côte d’Ivoire résidant à Pk 18, quartier réputé très dangereux dans le septentrion de la commune d’Abobo, à Abidjan. Comme bon nombre de citoyens ivoiriens victimes des violences des microbes autres malfrats qui pullulent l’atmosphère dans cette partie du district d’Abidjan. Sous cette tempette d’insécurité, Keo Sofoué Marc a été contraint d’aller en exil, précisément après avoir essuyé plusieurs menaces de mort. De la Côte d’Ivoire en Europe via par le Maroc, il a traversé plusieurs autres pays africains au sud du Sahara, loin des regards silencieux de ses parents. Et bien cela ne peut apparaitre comme un effet de séduction, à l’instar de la plupart des jeunes qui se sont lancés sur la route dangereuse de l’exil vers l’Europe. C’est un véritable périple rocailleux. Suivons ici la trame de notre enquête.
Miser sur la campagne de sensibilisation et la réinsertion des jeunes ivoiriens ne suffit pas pour lutter contre leur migration en occident, non seulement à la recherche de leur avenir mais et surtout leur sécurité. Bléhou, Sali, Issiaka, Moué Yves, pour ne citer que ceux-là qui ont eu chacun la formation dans divers corps de métier redoutent le passage en Lybie après la traversée du désert du Sahara. Comme la plupart des candidats au départ vers les pays occidentaux où ils espèrent trouver une vie meilleure et sécurisée.
Leur seul rêve, échapper à divers maux dans leur pays d’origine, dont , le taux de chômage très élevé des jeunes, l’accès à la formation trop coûteuse, sans oublier l’épineuse problématique de l’insécurité galopante en Côte d’Ivoire. Cela donne le vertige . Malgré une croissance économique dynamique et une stabilité politique apparente mais douteuse.
En effet, selon nos enquêtes, entre les mois de janvier et septembre, la Côte d’Ivoire était le troisième pays d’origine des migrants ayant rejoint l’Italie via la Méditerranée, selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (Oim). En 2016, la tendance s’est accélérée avec 12.396 migrants qui rejoignent l’Italie contre 3.772 en 2015.
Keo Sofoué Marc, un jeune Sénoufo a été à plusieurs reprises visité par les microbes qui ont découvert son domicile familial à Abobo. Ces enfants en conflit avec la loi de la Côte d’Ivoire, comme les désignent les autorités judiciaires, ont pour sanctuaire originel la commune d’Abobo. Ils sèment sur leur passage la terreur et la mort impunément dans les différentes communes du District d’Abidjan et à l’intérieur du pays. Sous les yeux et les barbes des autorités compétentes ivoiriennes.
Même, ils n’hésitent pas à assassiner les forces de l’ordre et de sécurité. Ces jeunes gens âgés de 13 à 20 ans sont réputés dans la violence et utilisent leur machette, l’arme avec laquelle ils opèrent avec une facilité accrue loin des regards judiciaires. Une pomme au parfum arrosé dont tire ces enfants protégés par la loi. Kéo S. Marc a toujours eu la chance de les éviter malgré les visites à son domicile. Mais hélas! Une nuit, dans son sommeil profond, ces microbes portent un coup fatal sur le pré-nommé Marc, le dire n’est pas un pied de nez.
Il importe de rappeler que Kéo Sofoué Marc a été admis au concours de police en 2010 organisé sous le gouvernement de la Réconciliation nationale au moment où Guillaume Soro était le Premier ministre au plus fort des tensions socio-politiques et militaires mais son admissibilité (l’emploi) a été invalidée par les autorités ivoiriennes .
Ce jeune homme très ambitieux faisait l’objet de menace par les microbes qui voulaient à tout prix avoir sa peau. Plusieurs fois, il a été signalé son cas de victime menace et autres séquestrations aux autorités policières mais silence radio . Dès lors, il a perdu tout espoir et a nourri le désir de quitter la Côte d’Ivoire.
Par ailleurs, le 09 janvier 2017, rentrant de Yopougon chez sa mère à Abobo, vers 22 heures, il a été arrêté à Adjamé et séquestré par des commandos encagoulés dans un véhicule noir 4+4 aux vitres teintés. Sans doute, ce sont des escadrons de la mort. Selon lui, il a été torturé et failli y perdre son œil droit. Il a eu la vie sauve, quand emmené dans la forêt du Banco, Keo S. Marc a imploré le nom de Dieu en langue Sénoufo.
Parmi le groupe de commandos masqués, figure un élément qui a plaidé en faveur du jeune Keo Sofoué Marc puisque ledit élément a sa mère et son père tous issus de la communauté Sénoufo. C’est ainsi que ce dernier qui aspirait à être un agent de la police nationale été fait sortir de la forêt par son frère de commando pour rentrer le lendemain 10 janvier 2017, dans la nuit, à Abobo où il a raconté son calvaire à sa mère. Mais, il a été mis en garde par ses kidnappeurs au cas où Keo S. Marc étalait dans la presse sa mésaventure.
Ainsi, face à ces menaces, il a décidé de quitter la belle Côte d’Ivoire le 17 janvier 2017 sans informer ses amis et le collectif d’amis admis au concours de police. “Ces malfrats d’escadrons de la mort ont projeté de mettre la main sur moi croyant que moi je suis le porte-parole des admis du concours direct de police .
Parce que le régime en place estimait que nous et tous les autres intellectuels sommes des pro-Gbagbo qu’il fallait éliminer systématiquement pour ne pas déranger le pouvoir Ado. Et que ces admis au concours de police, une fois intégrés combattront le régime m’ont fait savoir ces ravisseurs . Toute chose qui m’a obligé de sortir du pays pour ma sécurité et la paix, laissant derrière moi mes deux enfants.Ainsi, dans la nuit du 17 janvier 2017, à bord d’un véhicule banalisé d’un ex-combattant de la rébellion d’Abobo, je suis arrivé à la frontière ivoiro-malienne sous son couvert. Ce dernier qui était du camp Prado a bénéficié d’une forte somme d’argent de mes parents et de moi-même avant d’accepter ce service..
Sur tout notre parcours, il donnait son code à tous les barrages et corridors pour faciliter notre passage. Nous sommes partis d’Abidjan à Pogo en passant respectivement à Toumodi, Yamoussoukro, Tiébissou, Bouaké, Katiola, Niakaramadougou, Ferkessedougou, Tafiré et Ouangolodougou. D’où j’ai emprunté un car de transport en commun de Zégoua à Bamako par Sikasso. Après une semaine passée à Bamako avec des frères ivoiriens, au quartier Sotuba, près du cimetière municipal.
Après quoi nous sommes allés à Nouakchott, en Mauritanie. C’est de là que nous sommes entrés au Maroc le 17 août 2017, le temps de travailler et avoir un peu de moyen pour pouvoir traverser clandestinement les barrages jusqu’à la frontière par la marche et surtout pendant les nuits. Puisque les passeurs nous ont abandonnés dans cette traversée de désert.
De Tanger, au Maroc, j’ai pu passer par la mer pour entrer en Europe, notamment en France, où j’ai signé mon asile pour pouvoir être protégé par l’Etat français. Le 24 juillet 2019, , suite à plusieurs tractations, je suis devenu officiellement un exilé dans ce pays occidental », a largement clarifié ce jeune ivoirien, Keo Sofoué Marc, qui vient d’échapper aux affres socioéconomiques qui minent son pays, la Côte d’Ivoire. A noter que la Côte d’Ivoire du Président Ouattara ne garantit pas l’avenir de sa jeunesse. La migration et ses risques ne constituent pas un danger pour ces jeunes.
La campagne nationale de sensibilisation doit plutôt déboucher sur la résolution des diverses problématiques qui sont à la base de ce fleau de migration vers l’Europe.
Albert Lemoissonnier