Les fans de Johnny ont l’impression de retrouver leur idole, tant la ressemblance vocale est folle. Mais avec l’album Puisque c’est écrit, c’est aussi sa propre voie qu’ouvre Jean-Baptiste Guegan. Rencontre.
Closer : Cet album, sonne comme un hommage à Johnny. Vous l’aviez en tête pendant la conception du disque ?
Jean-Baptiste Guegan : Je l’avais en tête mais, avant tout, j’ai mis toute mon âme dans cet album. Et Michel [Mallory, parolier historique de Johnny, NDLR] l’a écrit pour moi. Pas pour Johnny. Ce n’est pas un second disque posthume.
Certains des douze titres lui étaient tout de même destinés…
C’est vrai, il avait validé certaines chansons. Michel les avait écrites après un anniversaire de Johnny où il lui avait dit vouloir refaire un disque ensemble, à Nashville. D’où le titre Retourner là-bas.
Vous avez enregistré à Nashville, d’ailleurs. Cela devait être vraiment émouvant !
Il y avait carrément quelque chose de mystique : je crois que Johnny était au-dessus de nous… Et puis, pour moi, petit Breton qui n’ait jamais connu les studios, commencer à l’Imperium avec des musiciens qui ont joué avec Michael Jackson, Lenny Kravitz ou Lady Gaga, c’était fou.
Comment avez-vous connu Michel Mallory ?
Un ami de sa femme m’avait vu en concert. Mais Michel ne voulait entendre parler de rien, que ce soit sosie vocal ou physique. Je crois qu’il n’avait pas fait le deuil de son ami de cinquante ans. Mais mon producteur lui a expliqué qui j’étais, il lui a décrit l’amour que j’avais pour Johnny et Michel a finalement accepté de me rencontrer.
La famille de Johnny a écouté votre album ?
Sylvie Vartan en a écouté des extraits. Je ne sais pas pour David. Il m’avait félicité après ma victoire à La France a un incroyable talent, me disant que la ressemblance vocale était bluffante.
Et Laeticia ? Elle avait tenté de faire annuler votre tournée hommage…
C’est géré par mon producteur et ma maison de disques, Sony. Je ne rentre pas dans ces histoires. Je respecte les opinions de chacun, mais je ne connais pas Laeticia Hallyday. Si elle demande à me rencontrer, pourquoi pas. Mais sinon, tant pis. Je fais ce métier-là par amour. Pour moi, pour mon public et pour ce que représentait Johnny. Je suis passé par des périodes très difficiles. Et à chaque fois, je me réfugiais dans ses chansons.
A quelles difficultés pensez-vous ?
J’ai perdu ma mère, dont j’étais vraiment proche, beaucoup trop tôt. Mon père a ensuite fait son chemin ; moi, le mien. Notre relation était compliquée.
Vous n’avez pas rencontré Johnny. Il avait entendu parler de vous ?
Oui. Quand j’ai connu Pierre Billon en 2006 pour le podium de la Française des Jeux, il a parlé de moi à Johnny, qui aurait dit que j’étais “de loin le plus près”. Mais ne pas l’avoir rencontré me donne de la force. Vous savez, lui rêvait d’approcher Elvis Presley et n’a jamais pu le faire.
Si vous l’aviez vu, qu’auriez-vous dit ?
Avec le charisme qu’il avait, pas grand-chose je pense ! (Rires.)
” Mon prof de chant, ça a été Johnny”
Quel est votre public ? Ce sont des nostalgiques ?
Pas seulement. J’ai récupéré une grande partie du public Hallyday. Mais le mien, qui me suit depuis dix-sept ans, est là aussi.
Certains fans de Johnny font un vrai transfert, en vous prenant pour lui ?
C’est vrai que, quand je commence le spectacle, des gens pleurent. Son public l’a perdu trop tôt et ne l’a pas accepté.
Comment avez-vous pris sa mort ?
J’étais extrêmement touché, comme des millions de Français. Cela a été d’autant plus difficile que les demandes professionnelles ont afflué très rapidement. Je n’ai pas eu le temps de vivre ce deuil pleinement, d’analyser certaines choses. Heureusement, j’ai une très bonne équipe derrière moi.
Vous êtes allé vous recueillir à Saint- Barth ?
Bien sûr. Ce pèlerinage était nécessaire pour faire mon deuil. Après le cimetière, nous sommes passés devant sa maison et avons vu les endroits qu’il aimait, comme le bar où il chantait parfois. J’y ai interprété quelques titres. C’était incroyable.
Quand êtes-vous devenu fan ?
En 1992, lors d’un concert à Paris Bercy. J’avais 9 ans, et quand j’ai vu cette bête de scène faire vibrer son public, j’ai compris que c’est ce que je voulais faire plus tard.
Comment avez-vous travaillé cette ressemblance vocale ?
En travaillant, en l’écoutant en boucle. Je n’ai jamais reçu d’aide. Mon prof de chant, ça a été Johnny.
Vous collectionnez les objets qui lui ont appartenu. Quelle est votre plus belle pièce ?
Il y a plusieurs choses que m’a offertes Michel Mallory, dont un bracelet aux initiales JH qu’il avait créé et porté. J’ai aussi son permis de conduire.
Vous faites écouter les disques de Johnny à vos enfants [un garçon de 11 ans et des jumeaux, fille et garçon de 7 ans, NDLR] ?
Pas spécialement. Je ne veux rien leur imposer. Mon fils fait du hip-hop, loin du rock. Je ne mélange pas ma vie de famille avec ce métier, je protège mes enfants au maximum.
Votre femme n’est pas jalouse de toutes vos fans ?
Non. Les contraintes de ce métier sont parfois compliquées au niveau familial et ma femme n’est pas issue de cet univers, elle travaille dans une école. Mais j’ai su la rassurer, montrer que j’étais là.
Qu ‘avez-vous fait des 100 000 € de La France a un incroyable talent ?
J’ai mis une partie de côté et le reste a servi à payer ma maison et continuer à vivre. Je n’ai pas fait n’importe quoi.
Moins rock’n roll que Johnny, alors !
Je suis capable d’excès, de faire la fête entre potes jusqu’au bout de la nuit… Mais aujourd’hui, cela m’est presque interdit. On ne peut pas faire une tournée et accumuler les excès.