Quand certains parlent de sorcellerie, ceux qui se veulent plus cartésiens, évoquent eux, la thèse d’un simple accident, concernant le drame qui s’est produit à Offa, bourgade située à une quinzaine de Km d’Agboville, chef-lieu de département. Un village où une mère et son fils, étudiant en médecine, ont été tués par un arbre qui s’est abattu sur eux. Retour sur des faits tragiques.
En effet, dans l’après-midi du samedi 18 avril 2020, précisément aux environs de 18h, une source nous informe de ce qu’un accident peu ordinaire, est survenu dans ledit village.
A notre arrivée sur les lieux, le lendemain dimanche, c’est un village presque désert qui se présente à nous. Selon les informations, les jeunes observent un moment d’isolement pour se consacrer à des rituels. Par chance, nous rencontrons l’un d’eux. Il est même de la famille éplorée. Il nous relate quelque peu les faits.
A l’en croire donc, ce samedi-là, comme ils en ont l’habitude dans leur milieu rural, les paysans se rendent au champ, d’où ils tirent, bien entendu, l’essentiel de leurs ressources vitales. Seuls demeurent alors au village, les partisans du moindre effort. N’empêche, tout semble aller pour le mieux.
Mais subitement, des cris stridents de détresse se font entendre. ‘’Mais que se passe-t-il ?’’, s’interrogent des personnes. Pour comprendre, l’on accourt en tout cas vers l’individu en détresse, en pleurs, répondant au nom de N’guessan Norbert. ‘’Qui y a t-il?’’, demande-t-on à l’infortuné couvert de sang.
Entre des sanglots, il lâche la terrible nouvelle qui fait l’effet d’une bombe dans le village. Selon lui, sa femme vient d’être écrasée, tuée par un arbre sous les branchages desquels, son fils, par ailleurs, est encore retenu « prisonnier ».
A la suite de ce récit, ce sont plusieurs jeunes villageois qui courent en direction du lieu du drame, pour espérer sauver le garçon. Une fois dans le champ situé à 5 km du village, dans les environs d’une plantation d’hévéa, ils tombent tous sur l’horreur. Le corps sans vie de dame N’gbesso Anin Germaine, la quarantaine, est encore coincé sous l’énorme tronc d’arbre de cajou.
Son pauvre fils, lui, présente des fractures du bras droit et surtout de la colonne vertébrale. On croit encore le sauver, après l’avoir extrait du dessus de l’arbre. A moto, il est donc évacué en direction du Chr d’Agboville. Malheureusement, le pauvre Tétchy Roger, étudiant en médecine, succombe à son tour comme sa mère, à ses graves blessures.
C’est dans une terrible atmosphère, que les corps sans vie de la mère et du fils sont ramenés au village, à Offa. Ils doivent être inhumés le plus rapidement possible, comme l’exige la coutume locale, en pareille circonstance.
Mais avant, la population veut en savoir davantage sur les circonstances réelles de cette mort tragique. Norbert, le chef de famille éploré, explique, complètement déboussolé, que sa femme et son fils s’emploient tranquillement aux travaux dans leur champ de manioc, quand survient, une fine pluie.
Tous courent s’abriter sous leur hangar de fortune, monté dans le champ. Ils profitent du reste de ce temps de repos imposé par la force de la nature, pour casser la croûte. C’est là, malheureusement, poursuit le désormais veuf, que l’arbre de cajou dressé sur une cinquantaine de mètres de là, vient lourdement s’abattre sur leur abri de fortune. Et pourtant, pas même un vent pouvant balayer ne serait-ce qu’un insecte, ne soufflait.
Norbert note qu’il parvient à extraire des branchages, son fils sérieusement touché. Il tente ensuite de sauver sa femme. Hélas, il se rend à l’évidence, que sa « seconde moitié » venait d’être arrachée à son affection.
Pour l’auditoire constitué de la quasi totalité de la population, en majorité des jeunes en pleurs, ce malheur a des contours mystiques. Pour eux, ce sont des sorciers qui viennent de démontrer là, toute leur capacité de nuisance dont ils sont seuls détenteurs du secret. Alors, ils entendent les démasquer par le port des cercueils des défunts.
Mais les anciens leur déconseillent cette pratique punie par les lois en vigueur au niveau de la Justice. Parce que toujours à la base de troubles incontrôlables.
Finalement, c’est tard dans la nuit, que les cadavres de l’étudiant de 23 ans, venu se confiner au village du fait du virus mortel qui fait mal à Abidjan, et de sa mère, devraient être mis en terre, au cimetière du village. Mais cette ultime cérémonie suscite la colère des jeunes qui entendent forcement connaître la vérité, qu’ils estiment mystique, de cette double mort. D’où la vive tension qui prévalait dans le village.
Correspondant Local