“L’Etat de Côte d’Ivoire n’a plus besoin de nous, les producteurs de café-cacao mais il a besoin de notre a argent . Il s’est déjà servi par anticipation et tant pis pour nous” c’est la substance des murmures des responsables des sociétés coopératives .
Les réactions sont sensiblement les mêmes, à les écouter de village en village , de zone en zone, sachant que le même coup produit la même douleur. Au point qu’on dirait qu’il se s’était passé le mot.
Mais pourquoi ces larmes unanimes et uniformes des braves paysans?
Ils sont comptés par centaines pendant cette campagne, les sociétés coopératives qui ne peuvent livrer leurs produits faute de certification or le cacao ordinaire n’est plus le bienvenu dans les multinationales.
“Nous livrons sur le code d’une société coopérative soeur, elle nous verse 30 francs ...” nous révèle le Pca d’une société coopérative dans le département d’Akoupé, au Sud du pays.
Pour ce producteur et responsable d’organisation de professionnels agricoles pour cette campagne la certification vaut de l’or mais il est bien aisé pour les traitants d’en jouir. Ce qui le pousse à dire que” c’est la pure comédie de faire croire que l’Etat de Côte d’Ivoire est pour la bonne organisation des producteurs et leur bien-être. Il se passe un deal entre les traitants et les multinationales avec pour objectif de faire disparaître les sociétés coopératives. Les traitants sont les premiers à être certifiés et financés comme nous n’avons personne on subit tous les coups.” Cri de douleurs !
Sans soutiens , pardon sans tuteurs ! Comme pourrait le dire Eddy Kokola, un producteur du département d’Agboville ” De mémoire de producteurs de cacao on n’a jamais vu ça! Pendant cette campagne les multinationales exigent les audits des coopératives. Et les dépenses ne sont pas moins de 5 millions de francs CFA. Pour celles qui pu être certifiées les primes qui sont versées sont dérisoires. C’est maintenant que la majorité des coopératives poursuivent les certifications or la fin de la campagne principale est pour le 31 décembre 2021.” fait-il observer tout en ajoutant que c’est ce qui explique l’absence du Pca et du gérant pendant des semaines bord-champs et au siège des coopératives.
Mais qu’en est-il du conseil du café et du cacao(Ccc), le régulateur de la filière en Côte d’Ivoire ?
Ramdé Mahomed, Pca d’une société coopérative dans le département d’Abengourou ne va pas avec le dos de la cuillère ” Le conseil du café et du cacao a mis en place un système qui défavorise les sociétés coopératives. Ce n’est pas facile d’avoir une certification or sans certification il est difficile d’avoir un contrat avec les multinationales. C’est maintenant que la plupart des organisations sont à la poursuite des de certification. C’est pour cela que l’on grogne dans l’ensemble des coopératives pour dire que l’Etat nous a livrés et nous a abandonnés après s’être déjà servi” s’énerve-t-il. Avant d’ajouter que les producteurs n’ont ni tuteur ni soutien.
Et ce, en dépit de nombreux taxes et impôts dont le Dus(droit unique de sortie) qui ne disent pas leur nom. Et ça, ce n’est pas Kouassi Bodja, Pca d’une société coopérative à Manzanouan , gros de producteurs dans le département d’Agnibilékrou qui salue la situation que traversent les producteurs” Nous demandons respectueusement au conseil du café et cacao d’avoir un peu pitié de nous après avoir été tant fragilisé par le non respect de la parole donnée. Les multinationales ne sont pas sensibles à notre situation, elles sont venues pour leurs intérêts, donc vous ,qui êtes nos tuteurs, le régulateur de la filère, penchez-vous un peu sur notre situations, nous versons des larmes abondantes que nous vous demandons d’essuyer” plaide -t-il.
La douleur est grande et vive chez les producteurs ! pendant plus d’une dizaine de jours n’avons pu rencontrer que 6 organisations sur une vingtaine ciblée dans trois régions productrices, que sont l’Agnéby-Tiassa, la Mé et l’Indénié-Djuablin. Et ce, en raison des difficultés financières. En effet les responsables de ces organisations se cherchent.
Enquête réalisée au Sud et à l’Est par Haidmond KAUNAN