Le ministre Adama Coulibaly fait voter le projet de loi à l’unanimité des Sénateurs
Le Ministre de l’Economie et des Finances, Adama Coulibaly, était le vendredi 17 mai dernier, à Yamoussoukro, face aux Sénateurs de la Commission des Affaires Economiques et Financières (Caef). 15 présents sur 16, ont passé au crible le projet de loi portant régime juridique des jeux de hasard en Côte d’Ivoire. Qui a été voté à l’unanimité des Sénateurs membres de la Caef. Mais avant le vote de cette loi, l’argentier ivoirien, a fait connaitre l’exposée des motifs dudit projet de loi, déjà voté par l’Assemblée nationale. Ce après le mot de bienvenu prononcé par le président de ladite commission, le ministre Koumoin Koffi Moïse. Dans ce propos liminaire, Adama Coulibaly a fait savoir que « depuis plusieurs années, l’environnement des jeux de hasard, dans le monde, est en perpétuelle mutation. Et que l’accès de plus en plus aisé à Internet et le développement des technologies de l’information et de la communication ont permis à de nouvelles formes de jeux et à de nouveaux acteurs de faire leur apparition. » « Cette transformation du secteur des jeux de hasard a créé des défis nombreux et complexes. Pour y faire face, plusieurs Etats ont rapidement réajusté leur dispositif juridique et institutionnel de gestion des jeux de hasard…’ a-t-il fait connaitre citant certains pays comme la France, le Maroc, le Cameroun qui ont encadré les jeux de hasard dans leur pays par une loi « En Côte d’Ivoire, le secteur des jeux de hasard est régi depuis près d’un demi-siècle, par deux dispositifs légaux adoptés en 1970. Il s’agit de la loi n°70-208 du 20 mars 1970 portant création de la Loterie Nationale de Côte d’Ivoire et de la loi n°70-575 du 29 septembre 1970 portant interdiction des loteries. Cette seconde loi tend à interdire les tombolas et les loteries de toute espèce, sur toute l’étendue du territoire national, à l’exception de celles organisées par la Loterie nationale. Ces deux textes de lois ont été ultérieurement complétés par le décret n°98-371 du 30 juin 1998 portant règlementation des établissements de jeux de hasard modifié par le décret n°2009-29 du 12 février 2009. Tous ces textes étaient parfaitement adaptés au contexte de l’époque, caractérisé par un faible développement des jeux de hasard… » a-t-il présenté la situation juridique des jeux de hasard en Côte d’Ivoire avant de relever les nouveaux défis « Mais de nos jours le Ministre des Finances, à l’ère du numérique et de la dématérialisation croissante, ajoutée à l’émergence d’une clientèle nouvelle complètement différente de celle d’il y a cinquante ans, ces dispositifs juridiques ne paraissent plus en mesure de régler, efficacement et de façon exhaustive, la problématique nouvelle soulevée par les jeux de hasard en Côte d’Ivoire… » a-t-il indiqué avant de faire connaître l’apport des jeux de hasard dans l’économie ivoirienne « Par ailleurs, il est à observer que ce secteur intervient dans la stratégie de mobilisation des ressources de l’Etat. La Loterie Nationale de Côte d’Ivoire (LONACI) a contribué au budget de l’Etat, de 2015 à 2018, à hauteur de vingt milliard (20 000 000 000) de francs CFA. Les prévisions de sa contribution au budget pour l’année 2019 sont estimées à la somme de huit milliards soixante-huit millions neuf cent trente-neuf mille quatre cent dix (8 068 939 410) de francs CFA. En plus de cette contribution, la LONACI participe au financement de projets sociaux en particulier les infrastructures communautaires de base telles que les centres de santé, les écoles, les pompes villageoises. A ce titre, elle a investi, de 2015 à 2018, la somme cumulée d’un milliard cinq cent trente-neuf millions quatre cent huit mille cent six (1 539 408 106) de francs CFA. Cette importante contribution au programme économique et social et au budget de l’Etat par le secteur des jeux de hasard est malheureusement freinée, voire compromise, par plusieurs facteurs. Au nombre de ceux-ci, l’on peut citer la forte prolifération des jeux de hasard illicites et clandestins. »
D’ENORMES PERTES POUR L’ECONOMIE IVOIRIENNE
La prolifération des jeux de hasard illicites et clandestins a sans nul doute des conséquences fâcheuses sur l’économie ivoirienne. Qui perd d’importantes ressources en termes de taxes évaluées en dizaines de milliards de nos francs « A cet égard, il a été identifié, au niveau des paris sportifs, plus de cinq cents (500) sites internet proposant des jeux en ligne accessibles depuis la Côte d’Ivoire sans autorisation. Le chiffre d’affaires annuel réalisé par ces sites est estimé à six milliards (6 000 000 000) de francs CFA, soit une perte fiscale de cent quatre-vingts millions (180 000 000) de francs CFA pour l’Etat. En outre, une étude réalisée en 2018, par la LONACI, révèle qu’il s’est développé sur le territoire ivoirien un jeu illicite appelé « Loto Ghanéen ». Les organisateurs de ce jeu disposent de près de cinq mille (5000) points de vente et réaliseraient au moins un chiffre d’affaires annuel de plus de trente-six milliards (36 000 000 000) de francs CFA. La fiscalité du secteur appliqué à ce chiffre d’affaire, représenterait un manque à gagner d’environ un milliard quatre-vingt millions (1 080 000 000) de francs CFA pour l’Etat. Enfin, des ressortissants chinois ont installé trois cents (300) machines à sous, dans plusieurs villes et villages du pays, en violation des textes en vigueur. Selon les informations recueillies auprès de la LONACI, cette activité illégale réalise un chiffre d’affaire annuel d’environ un milliard quatre cent seize millions huit cent soixante-sept mille cent vingt (1 416 867 120) francs CFA et entraine également pour l’Etat un préjudice fiscal de quarante-deux millions cinq cent six mille quatorze (42 506 014) francs CFA. » a-t-il relevé avant de faire noter la destination de ces fonds illicites brassés dans les jeux de hasard illicite« En plus de cet énorme préjudice subi par l’Etat, il est à noter que ces jeux de hasard illicites constituent un terreau favorable à la réalisation d’activités criminelles telles que le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Compte tenu de toutes ces difficultés et de tous ces dangers, il est nécessaire voire urgent de doter le secteur des jeux de hasard d’un nouveau cadre juridique et institutionnel qui prend en compte toutes ces réalités nouvelles. »
IMPORTANCE DU PROJET DE LOI VOTE
Ayant planté le décor, le ministre Adama Coulibaly, devant les vénérables sénateurs, dans son argumentation a convaincu ceux-ci de la nécessité d’adopter cette loi « Ce réajustement du dispositif relatif aux jeux de hasard procède également, de la légitime nécessité pour l’Etat d’accroître son contrôle sur le secteur des jeux par l’adoption de mesures vigoureuses contre les opérateurs de jeux peu scrupuleux. Le projet de loi proposé vise, en outre, à permettre à l’Etat d’assurer son devoir régalien de protection de la population, en particulier les mineurs et d’autres catégories de personnes vulnérables, contre l’addiction aux jeux par la promotion du jeu responsable. Le projet de loi proposé apporte des réponses adaptées et efficaces à toutes ces situations et difficultés auxquelles le secteur des jeux de hasard et l’Etat sont conjointement confrontés. Au titre des nombreuses solutions retenues pour l’assainissement du secteur, il faut noter la mise en place d’un cadre institutionnel constitué, essentiellement, par une autorité de régulation des jeux de hasard. En somme, le texte prend en compte les orientations du Gouvernement en matière de réglementation, de meilleures pratiques et de gouvernance des jeux de hasard. » a-t-il signifié avant de faire noter à nouveau que « Le projet de loi comprend soixante-onze (71) articles répartis en huit titres » .
Une fois de plus, le Ministre de l’Economie et des Finances a fait preuve de grande maitrise au cours des débats devant les Sénateurs. A force d’arguments pertinents, d’explications claires, il a réussi à adresser l’ensemble des préoccupations des membres de la CAEF qui ont adopté à l’unanimité le projet de loi portant régime juridique des jeux de hasard.
SERCOM MEF