Boeing a admis que ces documents et que le contenu de certains témoignages ne reflétait pas ce que la société devait être et que des mesures ont été prises depuis l’immobilisation du 737 MAX.
La descente aux enfers pour Boeing continue. Des documents de l’avionneur américain examinés actuellement par une commission gouvernementale mettraient en évidence une « image très inquiétante » de la sécurité dans la production du 737 MAX, cloué au sol depuis le printemps 2019 après deux crashs qui ont fait 346 victimes.
Selon un conseiller de la commission des infrastructures de Transports de la Chambre des représentants, ces documents qui ont été fournis par Boeing montrent les « efforts » de certains employés pour s’assurer que les plans de production de l’entreprise ne sont pas détournés par les régulateurs ou d’autres instances.
De son côté, Boeing a déjà reconnu que « la tonalité et le contenu de certains de ces témoignages ne reflètent pas ce que la société est et doit être », explique l’avionneur en ajoutant : « nous avons fait des changements importants en tant qu’entreprise au cours des neuf derniers mois pour renforcer nos dispositifs, notre organisation et notre culture en matière de sécurité. »
Il y a quelques mois, Mark Forkner, un ancien pilote d’essai de Boeing avait dans des courriels avait lancé des alertes sans être entendu sur des problèmes sur le simulateur de vol du 737 MAX en 2016.
Un nouveau PDG pour redorer l’image de Boeing
Ces nouvelles révélations interviennent juste après la démission, lundi, de Dennis Muilenburg, le PDG de Boeing qui a estimé qu’un changement de direction était indispensable pour restaurer la confiance dans le groupe. Les actions Boeing ont chuté de plus de 20 % au cours des neuf derniers mois et Boeing brûle prés d’un milliard de dollars par mois.
Il y a donc urgence pour David Calhoun, le nouveau patron qui prendra ses fonctions le 13 janvier à agir vite. Le premier dossier est de faire revoler le 737 MAX.
Il y a quelques jours, le concurrent d’Airbus a annoncé qu’il suspendait la production de cet avion, alors qu’il avait continué à le produire malgré l’impossibilité de les livrer aux compagnies aériennes.
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Au total près de 400 exemplaires de 737 MAX sont actuellement garés sur des immenses parkings en attendant de nouvelles autorisations de voler. Boeing qui comptait au départ sur une remise en service rapide s’est rangé à l’évidence. Ce processus devrait durer encore plusieurs mois.
Un long chemin pour faire revoler le 737 MAX
Plusieurs étapes restent à franchir. Techniquement, Boeing est dans une phase de tests sur les modifications apportées au système de décrochage du 737 MAX à l’origine des accidents. Des appareils ont réalisé des centaines d’heures d’essais en vol avec plus de 150 situations de décrochage.
L’autorité de l’aviation américaine (FAA) aurait aussi validé les modifications faites sur le simulateur de vol malgré la demande de quelques petites modifications mineures.
Une fois l’agrément de vol des autorités américaines, l’appareil va aussi devoir passer par des homologations des différentes autorités aériennes mondiales. Une fois ces papiers en poche, les équipes de Boeing et les équipes des compagnies aériennes vont devoir faire des opérations de maintenance sur tous les appareils immobilisés au sol depuis mars.
Les 400 avions neufs sortis d’usine depuis mars vont aussi devoir être vérifiés. Selon les experts, il faut une bonne centaine d’heures pour passer tout en revue. Boeing table sur la livraison de ces nouveaux appareils se fera à un rythme de 70 appareils par mois.
Autre épine, il va falloir former les 4 000 pilotes certifiés sur le 737MAX pour qu’ils intègrent les modifications apportées par Boeing sur l’appareil. Selon les spécialistes, il faudra au moins attendre la mi-2021 si ce plan se déroule normalement pour retrouver un rythme de croisière.
leParisien