Le but de ce programme commun ? Accélérer le développement à l’étranger des startups de la finance en les mettant en contact avec de grandes entreprises dans le cadre de voyages d’étude.
“Lorsqu’on est une Fintech, le rayonnement national ne suffit pas, il faut pouvoir se développer rapidement dans d’autres pays”, estime Fabrice Marsella, directeur du Village by CA Paris, l’une des 31 pépinières d’entreprises du groupe Crédit Agricole. Ce constat, le directeur de l’accélérateur Scotland Fintech l’a également fait. S’en est suivi l’idée de créer un réseau d’accélérateurs à l’échelle européenne pour favoriser l’essor des jeunes pousses de la finance.
“Le directeur de Scotland Fintech est italien. Il en a parlé naturellement au directeur du Village by CA Milan, qui s’est tourné vers nous car nous avons un très bel écosystème de Fintech dans notre village”, raconte Thomas Benaïm, directeur adjoint du Village by CA Paris.
Immersion pour les grands groupes bancaires…
De ce bouche-à-oreille est né le programme European Fintech Discovery regroupant neuf accélérateurs européens, en plus du Village by CA Paris : Innsomnia (Espagne), Portugal Fintech (Portugal), The LHoFT (Luxembourg), TechQuartier (Allemagne), B.Hive (Belgique), Copenhagen Fintech (Danemark), Fintech Scotland (Ecosse), Holland Fintech (Pays-Bas) et Fintech District (Italie).
“L’idée est de proposer aux groupes établis de rencontrer des Fintech de différents accélérateurs lors de learning expeditions”, explique Thomas Benaïm, en charge de ce programme. Concrètement, les grandes entreprises pourront choisir, sur une plateforme en ligne dédiée, une ou deux thématiques qui les intéressent*, et sélectionner quatre accélérateurs du programme (celui de leur pays et trois accélérateurs à l’étranger) dans lesquels elles rencontreront 5 à 8 startups par accélérateur. Au total, les entreprises participantes rencontreront entre 20 et 30 Fintech européennes parmi les 1.500 accélérées dans les dix structures partenaires du projet.
… ou pour les constructeurs automobiles
Le Village by CA Paris, qui est une structure généraliste (contrairement au Swave par exemple) compte néanmoins une cinquantaine de Fintech à lui seul. Parmi elles, LiquidShare (blockchain pour PME cotées), Loansquare (digitalisation du prêt bancaire pour les PME), Sismo (solution d’aide à la décision pour les professionnels de la gestion d’actifs) ou encore Linxo (open banking) et Fintecture (open banking).
Le nouveau programme européen vise en premier lieu les acteurs établis de la finance, mais pas uniquement.
“Nous pouvons très bien imaginer que des constructeurs automobiles qui ont des captives bancaires et donc des activités de financement puissent être intéressés par ce programme. Tout comme les acteurs de la distribution ou de la cybersécurité. Ces learning expeditions peuvent être des sources d’inspiration et de réinterprétation pour eux”, explique Thomas Benaïm.
Contacts qualifiés pour les Fintech en quête d’internationalisation
Cette quête d’inspiration et de nouvelles sources de revenus coûtera au grand groupe participant 40.000 euros pour une learning expedition de quatre jours dans quatre pays pour 20 personnes. L’accélérateur parisien espère être l’initiateur de deux sessions en 2020 et présentera, sans surprise, ce dispositif au Crédit Agricole. “Mais pour l’instant, nous n’avons pas encore approché de grandes entreprises”, confie Thomas Benaïm.
Côté startups, “tout est gagnant”, assure-t-on.
“C’est un moyen pour elles de rencontrer des contacts qualifiés, des cadres de grands groupes qui ont du temps pour échanger et qu’il serait difficile d’approcher dans d’autres circonstances”, explique Fabrice Marsella.
En France, seule une poignée de Fintech ont déjà une belle activité à l’international. C’est le cas de Shift Technology dans la détection automatique des fraudes à l’assurance, de la plateforme de prêts participatifs October ou encore de Younited Credit, spécialiste du crédit à la consommation en ligne, de Ledger (cryptoactifs) et de Payfit (dématérialisation de la paie).
*Les néobanques, les paiements, la blockchain, les cryptomonnaies ou encore l’assurtech et la cybersécurité.