Donald Trump a annoncé en début de soirée, lundi 23 novembre, qu’il permettait l’ouverture du processus de transition vers l’administration de Joe Biden, plus de deux semaines après l’annonce de la victoire du candidat démocrate dont l’équipe a salué une étape permettant « un transfert du pouvoir pacifique ».
Donald Trump a autorisé, lundi, l’administration américaine à opérer le processus de transition pour le président élu Joe Biden, lui donnant accès à des fonds et des comptes rendus, alors même que le président sortant a promis de continuer à contester les résultats de l’élection présidentielle du 3 novembre.
Le président républicain sortant s’est gardé de reconnaître directement la victoire de Joe Biden en promettant de poursuivre un « juste combat » alors qu’il multiplie les recours en justice, sans succès, pour tenter de démontrer des fraudes lors du scrutin du 3 novembre. « Néanmoins, dans le meilleur intérêt de notre pays, je recommande » que l’agence gouvernementale chargée du transfert du pouvoir fasse « ce qui est nécessaire concernant les protocoles, et j’ai demandé à mon équipe de faire de même », a-t-il tweeté.
« Je prends ce rôle au sérieux et, du fait des récents développements liés aux recours juridiques et aux certifications des résultats électoraux, je transmets cette lettre pour rendre les ressources et services disponibles pour vous », écrit Emily Murphy, la directrice générale des services de l’administration Trump, dans une lettre adressée à Joe Biden.
Le camp Biden salue la perspective d’un « transfert pacifique du pouvoir »
Cette annonce intervient alors que le Michigan, État crucial pour le scrutin du 3 novembre, a certifié un peu plus tôt les résultats donnant Joe Biden vainqueur. Les démarches juridiques de la campagne Trump pour inverser les résultats dans des États clés ont presque toutes échoué. « Ce qui a déclenché cette reconnaissance formelle, c’est que le Michigan a certifié que Joe Biden avait gagné, la Pennsylvanie également, la Géorgie avait déjà été attribuée à Joe Biden : les États ont effectué leurs déclarations de victoire officielle et donc il n’y a plus de recours possible », explique Célia Belin, chercheuse associée au Brookings Institute.
Pour Joe Biden, c’est enfin le retour à une forme de normalité, analyse notre correspondant à San Francisco, Éric de Salve. Simple détail, le site internet de la transition vient de changer d’adresse avec maintenant un très officiel « .gov ». Concrètement, en attendant son investiture le 20 janvier, le président élu va bénéficier des 6 millions de dollars de fonds fédéraux pour financer la transition. Ses équipes peuvent maintenant se réunir dans des bâtiments officiels. Mais surtout, Joe Biden a désormais accès aux briefings « secret défense » des agences de renseignement et aux représentants des agences fédérales, comme le docteur Fauci, directeur de l’institut des maladies infectieuses, pour préparer sa riposte face au coronavirus dont les contaminations explosent aux États-Unis.
Dans un communiqué, l’équipe de transition de Joe Biden a d’ailleurs déclaré qu’elle débuterait les réunions avec des représentants du gouvernement fédéral afin de discuter de la lutte contre la crise sanitaire, de sécurité nationale et d’autres questions. Cette décision fournit « à la prochaine administration les ressources et le soutien nécessaires pour mettre en œuvre un transfert du pouvoir pacifique et sans accroc », a salué un responsable de l’équipe de Joe Biden, Yohannes Abraham, dans un communiqué.
Pendant ce temps, Joe Biden, qui n’a pas attendu pour constituer sa future équipe gouvernante, dévoile progressivement les visages de cette équipe.
À aucun moment, il ne s’est laissé perturbé par les recours de Donald Trump qu’il a balayés comme étant juste un petit retard temporaire. Quinze jours plus tard, il est pleinement dans la transition.
Célia Belin
« Donald Trump gardera ce récit politique »
C’est donc une avancée à reculons opérée par Donald Trump. L’actuel locataire de la Maison Blanche ne reconnaît pas, en effet, à titre personnel, avoir perdu l’élection. « Il l’a dit, il ne reconnaît pas sa défaite et considère qu’il a encore beaucoup d’atouts pour prouver que c’est lui qui a gagné. Simplement, il commençait à être sous pression, laquelle est en train de s’accentuer notamment dans son propre camp avec certains de ses fidèles, comme Chris Christie, qui demandaient que les vannes de la reconnaissance administrative de la victoire de Joe Biden puissent se déclencher, puisque cette reconnaissance formelle et administrative permet une transition entre les équipes sortantes et entrantes », explique Célia Belin. En revanche, conclut la spécialiste, « Donald Trump gardera ce récit politique, même s’il n’est basé sur aucune réalité, pour construire sa carrière future. »
RFI