Plusieurs habitants de Grand Bassam, vivent encore sous le choc causé par les pluies torrentielles de ces dernières semaines. D’importants dégâts matériels ont été enregistrés et la plupart des victimes proviennent principalement de quatre quartiers, notamment Oddos, Petit Paris, France et Phare.
Ce sont des personnes fortement traumatisées, qui gardent encore de douloureux souvenirs de cette triste page de l’histoire de la Côte d’Ivoire, qui ont relaté le cauchemar qu’elles ont vécu lors de ces inondations.
Donatienne Kangah, commerçante, qui vivait au quartier Petit Paris avec ses parents, ses frères et soeurs , fait partie des victimes. Elle n’arrive toujours pas à comprendre ce qui est arrivé. Au bout de quelques pluies, la maison qui leur servait de logement et plusieurs autres habitations du quartier ont pris l’eau de toutes parts. Contre toute attente. « Au moment où nous partions, l’eau m’arrivait à la hanche », témoigne-t-elle pour montrer l’ampleur de la situation.
La commerçante raconte que plusieurs familles ont dû quitter les lieux dans la précipitation, en apportant le strict minimum dont elles avaient besoin.
Plusieurs victimes de ce quartier, à en croire Donatienne, ont trouvé refuge au quartier phare, précisément là où est planté le phare. A cet endroit, des tentes ont été dressées pour abriter les victimes. « Nous sommes obligés de nous contenter de cette situation parce que nous n’avons pas le choix », commente l’infortunée.
En plus d’être traumatisés, des ménages se retrouvent disloqués. C’est le cas de celui de Lassina Konaté, maçon de profession, ancien résident du quartier Oddos. Suite à l’inondation de sa demeure, son épouse et ses enfants se sont retrouvés chez sa belle-soeur au quartier Carrefour Dialogue, tandis que lui dort au quartier phare, chez l’un de ses amis.
Ça profite du malheur des autres
La famille de Beyala subit également de plein fouet les effets collatéraux des inondations. Son épouse confie qu’elle a trouvé refuge chez l’une de ses tantes au quartier Calao. Et lui n’a eu d’autre choix que de s’installer provisoirement dans les locaux de son service.
L’exode forcé des victimes des inondations vers les sites de recasement a fait germer des idées peu recommandables dans l’esprit de certaines personnes sans scrupules. Qui ne se gênent pas à aller piller les maisons des pauvres déplacés.
Pour éviter les pillages perpétrés par de ces individus sans foi ni loi, Augustin Miezan et plusieurs jeunes du quartier Petit Paris, se sont organisés pour sillonner l’étendue d’eau du quartier en faisant des rondes en pirogue de 21 heures au lendemain à 6 heures.
Par ailleurs, des structures telles que l’EPP Petit Paris ont vu leurs activités arrêter. En effet, la cour de cette école est totalement inondée. Celle de la Mission mondiale du Christ oeuvres et actions, située dans le même quartier, est tout aussi inondée. Idem pour le terrain de la ville, au quartier Oddos. Une bonne partie de cette aire de jeu est recouverte d’eau.
Ce quartier abrite également un site comprenant des bâtiments dans lesquels une Ong italienne, dénommée la communauté Abel, mène des activités. La bibliothèque et les centres de formation de la communauté sont temporairement fermés pour cause d’inondation. Si les pluies s’accentuent, la petite unité de production de chocolat, dénommée Choco Plus, risque de subir le même sort.
Au quartier France, à partir du centre culturel Jean-Baptiste Mockey, une activité a vu le jour du fait des inondations. Des jeunes gens ont décidé de transporter, à l’aide d’une pirogue, les personnes qui ne veulent pas marcher dans l’eau. Joseph Kouassi Kouame, qui a démarré ce business depuis le jeudi 18 octobre 2019, semble s’en sortir à bon compte. « Je gagne 12 000 Fcfa par jour à raison de 200 Fcfa par déplacement », se réjouit-il. Comme quoi, le malheur des uns fait le bonheur des autres.