L’émergence est un terme auquel chacun veut prêter une définition selon l’intérêt qu’il veut en tirer, ceci fait de l’émergence une question polémique et polysémique. Mais face à la nécessité d’oeuvrer au bien-être des ivoiriens, il nous incombe d’exposer les exigences de cette vision qu’on a pour notre pays en rappelant les fondements de cette émergence vraie, désir de tous les amoureux de la Côte d’Ivoire.
1. L’exigence d’une croissance de qualité
L’émergence a besoin d’une croissance de qualité. Notre pays connait certes une croissance depuis 2012, qui se situe entre 7% et 9%, mais celle-ci doit être constante, forte et inclusive pour espérer déboucher sur l’émergence vraie. Cette croissance au stade actuel est d’abord tirée essentiellement par l’exportation de nos matières premières, notamment le cacao, le pétrole, le café, etc. L’agriculture représente 22% de notre PIB et 50% de nos recettes d’exportations. Cependant, les cours des matières premières sont très volatiles et cycliques. Ce qui entraîne l’instabilité des revenus. Cette croissance est ensuite tirée par des dépenses gouvernementales massives dans les infrastructures au moyen des fruits d’un réendettement graduel.
Si notre économie reste dans sa configuration actuelle , à savoir dépendante des rentes et du fruit du réendettement, la croissance ne pourra pas être régulière et inclusive. C’est une croissance qui reste donc fragile au regard de sa structure. Un retournement de la conjoncture peut inverser la tendance et plonger notre pays dans la récession et dans l’impossibilité de faire face à nos engagements internationnaux.
Rappelons nous de la période du miracle ivoirien, ou la Côte-d’Ivoire avait connu une croissance avec un taux moyen qui était de 8% de 1960 à 1975. Mais dès la chute des cours de nos principaux produits agricoles d’exportation, notre pays s’est retrouvé face à la baisse drastique de ses revenus et une crise de trésorerie s’en est suivie entraînant le non respect de ses engagements vis à vis des bailleurs internationaux. Ce qui l’a contraint à subir les plans d’ajustements structurels et à être sous coupe serrée des institutions de Breton Woods.
2. La transformation structurelle et la diversification économique
La nécessité d’une transformation structurelle de notre économie s’impose comme la priorité des priorités. La caractéristique première des pays émergents reste la compétitivité et la diversification de leurs économies afin de conquérir des parts de marché à l’international et créer plus de richesses et d’emplois. Cela indique un engagement sans faille dans la promotion de l’initiative privée, des petites et moyennes entreprises créatrices d’emplois, et de champions nationnaux capables de porter haut le label Ivoirien. Nous n’en sommes pas encore là. Nous n’avons pas d’avantage comparatif en terme de création de valeur ajoutée par la transformation locale et par la création locale de produits et services à forte valeur ajoutée. L’une des causes et éffets pervers d’une telle situation est un secteur informel qui mobilise encore 90 % de notre population active la laissant sans protection sociale et sans rémunération adéquate.
Notre pays a besoin d’un service public facilitant et créant les synergies d’un tissu productif compétitif. Cela passe nécessairement par l’avènement d’un service public éfficient, profitant notamment des nouvelles technologies de l’information, d’une fiscalité simplifiée et gagnante, facteur d’investissement, d’un gouvernement proactif capable de permettre plus facilement les affaires entre acteurs privés. Elle doit également se traduire par une réelle volonté politique de combattre la corruption endémique, l’évasion fiscale et l’impunité.
3. La réduction de la pauvrété notamment en zones rurales
Au niveau social, il reste beaucoup à faire. Dans notre pays, le taux de pauvreté reste encore très important avec de fortes inégalités sociales. La pauvreté est davantage renforcée par le déséquilibre de développement entre la capitale économique Abidjan et le reste du pays. L’emploi des jeunes est une problématique à laquelle on peine à trouver une solution durable et efficace. Cette situation est dû en grande partie à l’inadéquation formation-emploi et une défaillance des systèmes de formation. Les disparités en terme de répartition de populations, de revenus et d’investissement ne sont pas fait pour nous rassurer. Nous savons qu’aujourd’hui la stabilité démographique est un facteur crucial pour l’émergence d’un pays.
4. La nécessité d’une paix consolidée
Au niveau politique, nous avons noté une normalisation des institutions et des efforts dans le renforcement du processus démocratique mais ces avancées notables ne nous ont pas encore permis d’accéder à une paix véritable. Pour aller à l’émergence, nous devons au préalable consolider et maintenir la paix, renforcer le dialogue entre les différentes forces politiques et susciter un espoir partagé d’une Côte d’Ivoire qui restera sous les génerations à venir dans la paix prônée par le père fondateur.
5. Une politique participative et centrée sur le citoyen
L’émergence doit prendre en compte également les aspirations et les attentes des populations et se veut centrée sur les besoins du citoyens. Ces besoins de bases sont la santé, l’éducation, la sécurité, la justice et le logement. En investissant dans ces domaines, notre pays se dote d’un facteur humain de qualité capable de porter notre politique de diversification économique citée plus haut. Mais cet investissement doit se faire de façon rationelle, juste et transparente.
Voilà notre vision de l’émergence, avec un visage humain, plus inclusif, souverain , au bénéfice des populations d’abord et avant tout.