Les chefs traditionnels de de l’Afrique de l’Ouest et du Centre se sont réunis les 14 et 15 décembre 2022 à Douala pour échanger sur leur contribution dans cette bataille pour éradiquer la violence basée sur le genre dans les deux sous-régions ;
Le forum organisé à Douala a vu la participation de 80 chefs traditionnels du Cameroun, Côte d’Ivoire, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, République Centrafricaine, République Démocratique du Congo, Tchad, Togo, Sénégal, Sierra Leone, et visait à mettre l’accent sur la prévention en s’attaquant aux causes structurelles et facteurs et risques associés de cette violence.
Mme Marie-Thérèse Abena Ondoa, Ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille du Cameroun, a indiqué que « malgré la loi du silence, le pourcentage de cas signalés est de plus en plus élevé avec une prévalence de plus de 40%. Une femme sur trois a été victime de violences physiques, sexuelles ou psychologiques au cours de sa vie ».
En Afrique centrale, les données sur la prévalence de la violence entre partenaires intimes vont de 28% à Sao Tomé-et-Principe à plus de 56% en Guinée équatoriale. La prévalence du mariage des enfants varie de 21,9% au Gabon à 61% en République centrafricaine. Les mutilations génitales féminines, bien que non pratiquées dans tous les pays, atteignent plus de 34% au Tchad. Au Cameroun, 39% des femmes âgées de 15 à 49 ans ont subi des violences physiques depuis l’âge de 15 ans généralement causées par une personne de leur entourage.
Pour avoir un impact et réduire ces chiffres, ONU Femmes pense qu’un changement de paradigme est nécessaire. Mme Florence Raes, Directrice régionale a.i d’ONU Femmes pour l’Afrique occidentale et centrale soutient que « Les premières décennies n’ont peut-être pas mis l’accent sur un partenariat essentiel. Aujourd’hui, il s’agit de travailler conjointement avec les chefs traditionnels et religieux car ils sont les relais fondamentaux des réalités que vivent les filles dans leur communauté ».
Les chefs traditionnels quant à eux s’engagent à mettre fin à la violence contre les femmes. Le chef Fonjinju Tatabong Alexander de Melong dans la région du Littoral au Cameroun déclare « Nous, détenteurs du pouvoir ancestral, sommes appelés à utiliser ce pouvoir pour mettre fin aux différentes formes de domination masculine qui contribuent à la reproduction constante des inégalités et de la violence dans notre société. Les coutumes africaines authentiques que nous défendons sont favorables à la justice et à la protection des droits des femmes ».
A la clôture du Forum, Mme Arlette Mvondo, Chargée du bureau pays ONU Femmes Cameroun et Présidente Technique du Fonds Français Muskoka et les chefs traditionnels ont dressé une liste de recommandations : « Nous souhaitons faire de ce Forum régional une rencontre annuelle, de lancer un prix de l’innovation pour promouvoir les initiatives inspirantes des chefs traditionnels contre les violences faites aux femmes et aux filles et d’organiser également des ateliers de renforcement des capacités et de soutien aux projets pour accélérer la mise en œuvre des recommandations ».
sercom