L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié, ce mercredi 09 mars, de nouvelles lignes directrices sur l’avortement. Cette disposition s’inscrit dans sa vision d’aider les pays à fournir des soins vitaux, protéger la santé des femmes et des filles, contribuant à prévenir plus de 25 millions d’avortements non sécurisés produits chaque année, indique un communiqué de l’institution.
Ces lignes directrices consolidées rassemblent plus de 50 recommandations. Celles-ci portent sur la pratique clinique, la prestation de services de santé et les interventions juridiques et politiques visant à favoriser la fourniture de soins liés à l’avortement qui soient de qualité, dévoile la note.
Ces lignes directrices recommandent notamment de partager les tâches entre un plus grand nombre d’agents de santé, de garantir l’accès à l’avortement médicamenteux, de permettre à davantage de femmes d’obtenir des services d’avortement sécurisés, de veiller à ce que des informations précises sur les soins soient disponibles pour tous ceux qui en ont besoin.
Pour la première fois, ces nouvelles techniques autorisent également le recours, le cas échéant, à la télémédecine. Celle-ci ayant contribué à faciliter l’accès aux services d’avortement et de planification familiale pendant la pandémie de COVID-19.
Ces mesures préconisent de même la suppression des obstacles politiques à l’avortement sécurisé qui ne sont pas justifiés d’un point de vue médical. Il s’agit entre autres de la criminalisation, les périodes d’attente obligatoires, l’obligation d’obtenir l’autorisation de tiers (par exemple, du partenaire ou de membres de la famille) ou d’institutions, et les limites, quant au moment de la grossesse où l’avortement peut être pratiqué.
« Le fait de pouvoir bénéficier d’un avortement sécurisé constitue un élément crucial des soins de santé. Près de l’ensemble des décès et des traumatismes résultant d’un avortement non sécurisé sont entièrement évitables », rapporte le communiqué de presse citant le Directeur par intérim du Département Santé sexuelle et reproductive et recherche à l’OMS, Craig Lissner.
« C’est pourquoi nous recommandons que toutes les femmes et les filles puissent avoir accès aux services d’avortement et de planification familiale, lorsqu’elles en ont besoin », relate la note d’information.
Selon l’institution mondiale de Santé, les obstacles susmentionnés peuvent entraîner des retards significatifs dans l’accès au traitement et exposer les femmes et les filles à un risque accru d’avortement non sécurisé. Ils favorisent aussi la stigmatisation et les complications sanitaires, tout en augmentant les perturbations dans leur éducation et leur capacité à travailler.
L’avortement se veut une intervention simple et extrêmement sûre, lorsqu’il est pratiqué selon une méthode recommandée par l’OMS, adaptée à la durée de la grossesse. Mais surtout quand la personne pratiquant l’avortement a les compétences nécessaires.
Cependant, environ la moitié seulement des avortements ont lieu dans de telles conditions, déplore la structure internationale en charge de la Santé. Elle fait savoir que les avortements non sécurisés sont à l’origine d’environ 39 000 décès chaque année, entraînant l’hospitalisation de millions de femmes supplémentaires, en raison de complications.
La plupart de ces décès sont concentrés dans les pays à revenu faible – plus de 60 % en Afrique et 30 % en Asie – et parmi les personnes les plus vulnérables.
Les données montrent que les restrictions en matière d’accès à l’avortement ne permettent pas de réduire le nombre d’avortements. En réalité, les restrictions sont plus susceptibles d’inciter les femmes et les filles à avoir recours à des procédures dangereuses. Dans les pays où les restrictions sont les plus sévères, seul un avortement sur quatre est sécurisé, contre près de neuf sur dix dans les pays où la procédure est largement légalisée.
Après la publication des lignes directrices, l’OMS apportera un soutien aux pays intéressés, dans le cadre de la mise en œuvre de ces nouvelles lignes directrices. Cet appui prendra également en compte le renforcement des politiques et des programmes nationaux relatifs aux services de contraception, de planification familiale et d’avortement, les aidant ainsi à fournir les meilleurs soins possibles aux femmes et aux filles, conclut la déclaration.
A R