Les faits Bernard Preynat devait faire face à la justice le 13 janvier à Lyon pour abus sexuels sur mineurs. Mais son procès a dû être reporté d’une journée en raison d’un mouvement de grève des avocats.
La grève contre le projet de loi de réforme des retraites s’invite au procès de Bernard Preynat, l’ancien prêtre accusé d’avoir abusé plus de 70 scouts entre les années 1970 et 1980. Le tribunal a suspendu le procès jusqu’à mardi 14 janvier, à 9 h 30.
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Alors que des avocats entendent défendre leur régime de retraite autonome, le bâtonnier des avocats de Lyon, Farid Hamel, a demandé lundi 13 janvier le renvoi de l’audience. « Nous avons conscience des difficultés que cela pose depuis des semaines. Tout cela est grave et préjudiciable pour tout le monde. Nous avons conscience que le procès qui s’ouvre aujourd’hui est très important, que c’est douloureux pour les victimes. »
Une demande diversement accueillie, notamment par les parties civiles. « Ce n’est pas à la hauteur de ce que l’on pourrait attendre d’une justice républicaine », a ainsi estimé François Devaux, président du collectif de victimes La Parole libérée.
Me Jean Boudot, avocat de l’une des victimes, Matthieu Farcot, s’est dit partisan du report d’une journée pour les victimes qui « portent depuis des décennies la souffrance ». Il alerte aussi sur l’état de santé de Bernard Preynat et du risque d’une « extinction naturelle de l’action publique ».
« La justice doit demeurer sereine »
La procureure a rappelé que « le ministère public est au service de l’intérêt général ». Or, ces « revendications sont certainement légitimes mais totalement étrangères aux intérêts des parties civiles et de la défense ». Elle s’est opposée au renvoi du procès et a rappelé les « contingences matérielles présidant à sa tenue ». « La justice doit demeurer sereine et indépendante. »
Du côté de la défense, Me Frédéric Doyez, l’avocat de Bernard Preynat, s’est dit « écartelé entre deux positions : les intérêts d’une profession aujourd’hui menacée et la défense d’individus qui ont le droit d’être défendus (…) Je ne veux pas que si c’est ce dossier est renvoyé, l’on dise que ce soit à la demande de Bernard Preynat ». Ce dernier, d’une voix douce et plaintive, a déclaré : « Il faut que le procès ait lieu le plus vite possible. J’ai été confronté à quelques victimes par la police, j’ai entendu la souffrance de ces personnes pour lesquelles je suis coupable et je comprends très bien qu’elles désirent que ce procès se déroule le plus vite possible. »